Le jean : histoire d'un indémodable

19 juil. 2017

5min

Le jean : histoire d'un indémodable
auteur.e
Sophie

Journaliste - rédactrice

« Je n’ai qu’un regret : ne pas avoir inventé le jean. Il a du caractère, de la modestie, du sex appeal, de la simplicité, tout ce que je recherche pour mes créations » - Yves Saint Laurent

Près de 2,3 milliards de jeans sont vendus dans le monde chaque année, soit 73 par seconde. Aujourd’hui, on compte environ sept jeans par personne et Levi’s, marque leader du marché, en a vendu plus de 4 milliards depuis sa création. Au départ simple uniforme, il est devenu au fil du temps LE basic incontournable de tous les vestiaires. Le jean est l’un des rares vêtements à traverser les générations. Le jean, c’est aussi au fil des années une certaine idée de la liberté. Une matière « démocratique » qui a su habiller toutes les classes sociales et s’ériger au rang d’icône mode.

Depuis plus d’un siècle, le jean rythme nos vies au quotidien. Dans la rue, à l’écran, sur scène ou sur les podiums, il est omniprésent. Décryptage d’un pantalon indémodable.

L’histoire d’un pionnier

L’histoire du jean tel que nous le connaissons commence en 1853 lorsque Oscar Levi Strauss ouvre à San Francisco une succursale de l’entreprise familiale. Spécialisé dans le négoce de tissus, le jeune homme peine à écouler son stock de toiles de tentes. C’est alors qu’il a l’idée de détourner ces toiles de leurs fonctions premières en y taillant des pantalons. Très résistants, ces pantalons font le bonheur des chercheurs d’or, des mineurs et des fermiers et prennent rapidement le nom du tissu dans lequel ils sont confectionnés. La toile de « Gênes » s’anglicise et devient par phonétique « jean ».

Levi’s

Dans les années 1870, Levi’s découvre le denim, une toile de coton bicolore obtenu à partir d’un entrelacement d’un fil de trame clair (en général écru) avec un fil de chaîne teinté (généralement bleu indigo). Le terme « denim » est la contraction « de Nîmes » en référence au tissu fabriqué à l’origine dans cette ville du Sud de la France.

Très vite, le denim obtient ses lettres de noblesses, en se substituant peu à peu à la toile de jean. Le jean (la forme de pantalon) en toile de jean cède ainsi la place au jean en denim. La toile de jean étant plus rugueuse, donc moins agréable à porter que le denim.

Culture Jean

A partir des années 1930, le succès grandissant des westerns popularise le jean et l’influence de stars du genre comme John Wayne en font vite une pièce incontournable. Le jean perd son statut de bleu de travail pour devenir un vêtement à la mode. Preuve en est, la couverture du Vogue américain 1935 sur laquelle deux femmes portent un Levi’s avec pour titre : « True Western chic was invented by cowboys / Le vrai chic de l’Ouest a été inventé par les cowboys ». Des marques comme Wrangler proposent à l’époque des collections inspirées du look des cow-boys, surfant sur la tendance Far West.

Dans les années 1950, Hollywood continue la promotion du jean grâce à des acteurs iconiques comme James Dean ou Marilyn Monroe qui le portent à la ville comme à l’écran. Le jean est alors synonyme de jeunesse et d’émancipation. Lee Cooper, griffe britannique fondée en 1908, crée d’ailleurs à cette époque le premier jean pour femme à braguette zippée. Avant cette date, le denim féminin, le « Lady Levi’s », n’était en effet équipé que d’un zip sur le côté. Le jean devient alors symbole d’égalité, de liberté et de provocation.

Vogue Paris

Pas étonnant donc de le retrouver sur scène porté par tous les plus grands artistes. Car le succès du jean est en effet intimement lié à la musique. L’évolution des différentes coupes de jeans a d’ailleurs été largement influencée par les styles musicaux de ces dernières décennies. On retiendra par exemple Bob Marley et ses jeans évasés, Kurt Cobain et ses jeans déchirés, 2Pac et ses jeans baggy ou encore Serge Gainsbourg et ses total looks denim avec jeans, chemises et vestes délavés. Aujourd’hui, des marques de jeaners comme April 77 poursuivent cet héritage musical en ajoutant à leurs jeans une mini poche en cuir pour le médiator des guitaristes. Allure rock assumée.

Le denim sur les podiums

Alexander McQueen / Chanel / Jean-Paul Gaultier

Pendant longtemps considéré comme un vêtement populaire et subversif, plus pratique qu’esthétique, le jean connaît pourtant une révolution dans les années 1980 en devenant la star des podiums. Les grandes maisons de couture en font des pièces incontournables de leurs collections et le denim devient très vite un vrai phénomène de mode aussi célèbre que la petite robe noire. Karl Lagerfeld chez Chanel, Jean-Paul Gaultier ou encore Alexander McQueen l’utilisent avec créativité pour un effet couture assuré. L’âge d’or du denim dans la mode ce sont aussi les années 90 avec les célèbres clichés de Peter Lindbergh immortalisant le mythique 501 sur les top-modèles en backstage des défilés.

En short, veste, chemise ou jean, brodée, teintée, déchirée ou frangée, cette matière versatile, issue du Workwear, permet toutes les audaces et toutes les nuances. On peut la porter de jour comme de nuit, en mode mode ou plus décontractée. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le jean traverse les époques sans prendre une ride. Toujours synonyme de confort et de liberté mais sans cesse réinventé, il réussit le tour de force d’habiller toutes les classes sociales, d’aller avec tout et à tout le monde. En total look ou en touche, la seule condition est finalement de bien choisir sa coupe.

Welcome to the Jungle

Petit Guide Pratique

  • Baggy : coupe très large à taille très basse, inspirée des tenues des prisonniers fédéraux américains auxquels on supprime les ceintures, et dont les pantalons, en conséquence, tombent sur les fesses
  • Bleached : de l’anglais Bleach (eau de Javel), bleached signifie que le jean est décoloré par endroits, comme sous l’action de l’eau de Javel. Il présente des délavages très marqués ne ressemblant pas à une usure naturelle, contrairement à d’autres techniques
  • Boot-Cut : modèle moulant aux cuisses et au bas légèrement évasé
  • Boyfriend : coupe féminine emprunté au vestiaire masculin et porté oversize, en général retroussé à la cheville, avec entrejambe descendue
  • Cigarette : jean ajusté à coupe droite, à mi-chemin entre le straight et le slim, dont la particularité est de présenter un tour de bas de pantalon resserré et une longueur de jambe tombant parfaitement au-dessus du pied, pour éviter les effets de plis
  • Flare : jean à taille haute, moulant aux cuisses et aux fesses avec le bas très évasé. Une coupe qui rappelle les années 70 et plus communément appelé « pattes d’eph’ »
  • Jean 7/8 : aussi appelé « Feu-de-plancher » dont l’ourlet s’arrête au niveau de la cheville
  • Jegging : contraction des mots « jeans » et « legging » Le jegging est une variante du legging, sa coupe est plus ample et contient jusqu’à 40% d’élasthanne
  • Kick Flare : un jean avec une taille haute, un bas de jambe évasé à partir du genou et un ourlet qui s’arrête au niveau de la cheville
  • Mom Jean : coupe taille haute avec un bassin plutôt large et des jambes fuselées. Cette coupe rétro rappelle les années 1990, d’où son nom, car les jeunes femmes des « nineties » sont aujourd’hui des mamans mais n’ont pas abandonné leur jean fétiche
  • Moustache : les moustaches d’un jean sont les petites marques d’usure qui se créent dans les zones de plis, créant un délavage en forme de moustache. On les retrouve de part et d’autre de l’entrejambe ainsi qu’aux genoux
  • Selvedge : contraction de l’anglais « Self Edge », signifiant en français, bord fini. Cette finition uniforme d’un tissu à son extrémité vise à éviter qu’il s’effiloche en formant généralement un liseré de couleur. Réalisé dans de prestigieux ateliers américains ou japonais, le denim selvedge est réputé être la meilleure qualité de denim
  • Skinny : c’est la coupe la plus près du corps, très ajustée au niveau des hanches, des fesses, des cuisses et des mollets
  • Slim : coupe aussi ajustée que la coupe skinny au niveau des cuisses mais plus droite à partir du mollet
  • Stone-Washed : technique inventée par Marithé et François Girbaud, créateurs de mode français, dans les années 1970, consistant à user les jeans à l’aide de pierres ponces pour un rendu vieilli très naturel
  • Straight : coupe droite, ni trop large, ni trop ajustée, offrant confort et style intemporel
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